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FEMME DE LA SEMAINE

RDC: Les femmes politiques face au cyber harcèlement en ligne

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Deux femmes sur trois ont reçu deux fois plus de tweets contenant insultes et injures sur l’espace numérique. En 2015, l’ONU estimait que 73% des femmes dans le monde étaient exposées à la violence sur Internet, notamment le harcèlement. En quelques mois du mois du scrutin, l’espace virtuel congolais est désormais un ring incontesté pour les différents acteurs politiques qui cherchent à conquérir leur électorat. La bataille est tellement rude où tous les coups sont émis. De la majorité au pouvoir à l’opposition, les femmes ne sont restées qu »une simple admiratrice. Elles sont là en course vers les élections décembre 2023. Mais pour quel prix ?

Une alerte en appel au secours de Mme Mushobekwa Marie -Ange pour un message anonyme : » j’avais reçu un message et des appels anonymes se faisant passer pour un officier supérieur militaire (RDC) en exil . Il me parlait d’une affaire d’armes…Je n’avais pas répondu, mais j’avais directement alerté mes proches politiques et la famille . Mais celà persiste toujours. Laissez – moi tranquille ! Qu’est-ce que vous me voulez finalement ? Vous m’avez arraché mon mandat électif, je vous l’ai laissé et j’ai tourné la page…Cela ne vous suffit pas?Pourquoi cet acharnement sur ma petite personne ? », s’inquiète -t- elle. « Nous avons conscience des nombreux détracteurs que nous avons du fait de notre engagement politique… », la sénatrice Francine Muyumba répondait dans un tweets à toutes ces personnes malintentionnées sur les réseaux sociaux ayant abusivement tenté de jeter un discrédit en son égard. Un autre poste de Mm Paulette Kimuntu Kimpiob écrit -elle:  » Je suis candidate à la députation nationale et je m’en cache pas ! Que tu m’aimes pas , il y a des milliers qui m’aiment et crois en moi ».

La violence psychologique en particulier les propos sexistes et misogynes, la diffusion d’images humiliantes, le harcèlement moral, les intimidations et les menaces perpétrées,des commentaires déplacés voir désobligeants sur l’état civil ou sur la vie privée, ou encore des insinuations sur la moralité sexuelle sont également monnaie courante que subissent la plupart de ces victimes.

Les réseaux sociaux comme caisse de résonnance

D’après l’analyste politique, politologue et coordonnateur National de la DYPOL( Dynamique des politologues de la RDC )Christian NDOMBO MOLEKA, les réseaux sociaux offre un terreau propice au développement des invectives vis-à-vis des femmes politiques. Des milliers d’anonymes même si leurs auteurs affichent parfois leur tendance politique, par le biais de Twitter ou des sites Internet, font part de leur colère contre X ou Y. Sexisme, harcèlement , les violences en ligne sur les réseaux sociaux créent des  » bulles de filtrage » et des « chambres d’écho » qui réduisent des points de vue diversifiés nécessaires à la réflexion démocratique : ». Malgré l’existence des lois , les violences basées sur les genres et les inégalités sociales continuent à faire son bon chemin. C’est encore plus décevant dans la sphère politique caractérisée par l’égocentrisme patriarcat et par l’intolérance démocratique. À la place de triompher les débats d’idées, c’est plutôt des injures. Malheureusement, tous se passent par canal des réseaux sociaux. », explique MOPUNGA Mimy activiste des droits des femmes, membre du Cadre Permanent de Concertation de la Femme Congolaise,en sigle CAFCO. Au delà de la personne de la victime, les plus exposées à ces pratiques sonà ces pratiques, sont les femmes politiques jeunes, celles plus en lumière par leur ambition affirmée ou encore celles dont leurs dispositions physiques prédisposent plus facilement à des stéréotypes sexistes et des genres, précise M. Christian NDOMBO. Pour le Professeur docteur Carlos Mupili Kabyuma, Spécialiste en droit du numérique , le harcèlement en ligne est un acte agressif intentionnel « . À en croire ce spécialiste , le harcèlement caractérisé par une forme de violence, de dénigrement contre une personne afin de lui infliger une souffrance morale soit une frustration soit une dépression ».

L’insulte en politique

Selon Christian NDOMBO MOLEKA , l’insulte en politique est une question complexe d’autant plus qu’elle embrasse à la fois les sphères de la communication politique, de la psychologie sociale et de la sociologie politique. Plus largement,elle a une fonction très précise dont à la fois : « Représentative et révélatrice des positionnements, des stratégies et des mœurs politiques  » . Dans sa forme subtile, ironie et euphémisme, ou sa forme la plus brutale et vulgaire, l’insulte s’inscrit dans un duel politique verbal soit de discréditer , soit de dénigrer ou déstabiliser un adversaire politique ou la manifestation du fait que le locuteur lui –même est désarçonné », décrit le politologue. Et d’ailleurs, poursuit -il, l’’insulte en politique vis-à-vis de la femme politique s’inscrit fondamentalement comme  » une question et un enjeu  » de genre « : Mais pourquoi? Répond -il, parce qu’elle s’inscrit, in fine, dans une trame sociale plus ancienne et imperceptible, celle de l’imaginaire politique, de la représentation sociale de la femme, des préjugés et des stéréotypes réducteurs qui freinent l’affirmation de son leadership politique.Pourquoi les femmes sont -t-elles le premières victimes ?
 » Ils parlent de votre corps comme pour vous remettre à votre place, pour vous prouver qu’ils ne vous prennent pas au sérieux ». La sphère politique congolaise est « masculine et gérontocratique  » qualifie le politologue congolais Christian NDOMBO . Qui dans un environnement émaillé « des pesanteurs culturels font obstacle à l’éclosion du leadership politique féminin, renchérit-il. La victimisation de la femme en politique est un fait qui a plusieurs causes. Il s’agit notamment , souligne M. Christian NDOMBO, à défaut d’argumentation, le déni de mérite ou tout simplement le « conservatisme culturel » conduisent inévitablement à la profusion d’insultes politiques.

Quid de la nouvelle loi sur les numériques ?

Le cyber harcèlement est régi dans l’ordonnance loi portant le code du numérique. Il est donc punissable dans son article 358 d’une amende de 500 000 à 1 millions Franc congolais et d’une servitude pénale d’un mois à deux ans , explique le professeur docteur Carlos Mupili Kabyuma. Un nouveau code numérique dont sa mise en œuvre » « tatillonne », s’inquiète le politologue Christian NDOMBO MOLEKA: « La faible régulation de l’espace public-internet face à « un cyber activisme ou un cyber protestantisme débridé » alimenté par la crise de la citoyenneté, l’intolérance politique et une forme d’intégrisme politique ou « de dictature de la pensée » qui s’instaure de plus en plus, se refusant à toute contradiction ou opposition, ouvre grandement la porte à l’injure en politique ». Il sied à noter que pour se protéger de cyber harcèlement,il y a plusieurs possibilités à l’instar d’une part,par voie judiciaire .  » La prévention « , propose M.Mupili Carlos: « Ne pas accepter n’importe qui comme ami dans les réseaux sociaux ». A bon entendeur, salut.

Victoria NDAKA

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