En rapport avec la problématique des Infrastructures de transport, en particulier les routes et compte tenu de ses conséquences sur le coût de la vie et les conditions existentielles des populations, Alexis Gisaro, Ministre d’État en charge des Infrastructures et Travaux publics fait un plaidoyer à l’Assemblée nationale afin d’attirer son attention en sa qualité d’Autorité budgétaire sur l’inadéquation de l’affectation des crédits budgétaires face au déficit criant de connectivité routière auquel le pays est confronté eu égard à sa dimension de sous-continent.
Mercredi 14 novembre dernier, ce membre du Gouvernement Suminwa était face aux députés nationaux pour répondre aux questions orales avec débats lui adressées.
Après avoir brossé le cadre général qui caracterise le secteur routier en RD Congo, le ministre d’État Gisaro a fait savoir que le réseau routier national du pays présente un linéaire total de 153.000 kilomètres, dont 58.000 d’intérêt général et sur lesquels environ 3.000 km sont revêtus, c’est-à-dire près de 5% du linéaire d’intérêt général. Ceci est en contraste frappant avec les autres pays d’Afrique Subsaharienne, dont le même ratio oscille autour de 25%.
Aux députés qui voulaient être éclairés concernant deux axes routiers dont Kasindi-Beni-Butembo au Nord-Kivu et Kisangani-Komanda-Beni reliant les provinces de la Tshopo, de l’Ituri et du Nord-Kivu, Alexis Gisaro a rappelé que ce projet routier, conçu dans le cadre de la coopération entre la RD Congo et l’Ouganda, en recourant au Partenariat Public Privé.
A la suite des rencontres au sommet entre la RD Congo et l’Ouganda, les deux parties ont émis le vœu d’améliorer les voies de communication transfrontalières, et ainsi booster les échanges commerciaux et culturels entre les peuples.
« Cette vision a été concrétisée par la Signature d’un Accord Intergouvernemental qui a ouvert la voie à la signature d’un Accord tripartite RD Congo, Ouganda et Dott Services Limited pour le développement d’un projet routier comprenant les routes suivantes : (i) Kasindi – Beni (80 km), (ii) Bunagana – Rutshuru – Goma (89 km) et (iii) Beni – Butembo (54 km).
L’Accord Intergouvernemental et l’Accord tripartite de Développement de projet a prévu que les deux pays contribuent au financement du projet à hauteur de 40% du coût total, soit 20% à charge de chacun des Etats, tandis que Dott financera la différence, soit 60%.
À en le ministre, l’Accord spécifie que les travaux vont se réaliser en deux phases, dont la première va consister à améliorer la route en terre sur le tracé existant afin de permettre déjà un trafic suffisant.
Les travaux avaient démarré à la grande satisfaction de la population, grâce à l’ouverture du tronçon entre Kasindi et Beni, ainsi que Beni – Kabasha.
Toutefois, les contraintes sécuritaires ont été le plus grand obstacle à l’avancement rapide des travaux. Il est à noter que ces contraintes sécuritaires sont la cause du non démarrage effectif des travaux sur la route Bunagana – Rutshuru – Goma», a-t-il expliqué.
Il a précisé que sur le chantier, les contraintes sécuritaires et la problématique des exonérations, constituent les plus grands obstacles rencontrés.Et d’ajouter : un certain nombre d’équipements et autres biens du projet avaient été bloqués à Kasindi, parce que non repris sur l’arrêté interministériel d’exonération. La DGDA ne disposant pas d’entrepôt sur place, a fait garder lesdits biens dans l’entrepôt en location auprès d’un privé, en l’occurrence la Maison LWANZO. Il se trouve que cette dernière a procédé à la facturation de l’entreposage, et espérait recevoir le paiement de l’Entreprise Dott. Cette dernière a refusé de payer ces frais d’entreposage, considérant que ces matériels, malgré leur absence sur la liste des items exonérés, ne devaient pas être saisis.
S’estimant préjudiciée par manque d’engagement de paiement ni du Gouvernement, ni de Dott Services Ltd, Maison LWANZO a porté l’affaire en Justice et obtenu un arrêt pour procéder à la mise en vente publique desdits biens afin de rentrer dans ses droits.
Le ministre Gisaro a révélé que des contacts nécessaires ont été pris de part et d’autres, en vue de pallier cette situation.
Actuellement, les listes des biens et équipements du projet devant entrer par le poste de Kasindi, pour les sections Kasindi – Beni et Beni – Butembo, ainsi que ceux devant entrer par le poste de Bunagana pour la route Bunagana – Rutshuru – Goma, introduites par l’Entrepreneur aux Ministères des Finances et du Plan, attendent la signature des Arrêtés portant exonération.
Une fois cela obtenu, les travaux vont redémarrer sur la section Kasindi – Beni et Beni – Kabasha, en attendant que les forces armées donnent un feu vert sécuritaire pour pouvoir aller plus loin», a-t-il signalé.
Réagissant aux préoccupations du député national Lutala Mutiki Trésor axées essentiellement sur la RN2 dans son tronçon Bukavu – Walungu – Mwenga – Kamituga – Kitutu – Shabunda – Kasongo, le ministre a affirmé que le tronçon Place de l’Indépendance bifurcation Maria Kachelewa, long de 10 km, est en pleine réhabilitation grâce aux travaux de modernisation qu’exécute la Société Congolaise de Construction (SOCOC). A ce jour, des travaux de construction des caniveaux et des murs de soutènement y compris la mise en place de la couche de fondation évoluent normalement sur les cinq premiers kilomètres ;le tronçon bifurcation Maria Kachelewa (PK10) Burhale, long de 45 km, en passant par Walungu, se trouve actuellement dans un état moyen et nécessite une prise en charge pour éviter la rupture du trafic en cette saison de pluie ;le tronçon Burhale – Mwenga, 76 km, avait bénéficié d’un financement du FONER, en 2023, des travaux de suppression de bourbiers compris entre Tubimbi et Kilungutwe, où plusieurs véhicules étaient bloqués suite au mauvais état de la route, est aujourd’hui praticable grâce aux travaux exécutés par l’Office des Routes dans le cadre du Programme d’Entretien Routier (PER 2023). Néanmoins, il existe encore d’autres bourbiers non encore traités entre Kasika et Mwenga en passant par Kibumba. Ces bourbiers seront pris en charge dans le cadre du PER, dès que la trésorerie le permettra ;le tronçon Mwenga – Kamituga – Kitutu, long de 87 km, est en mauvais état suite à la présence de plusieurs bourbiers qui rendent le trafic mal aisé ;le tronçon Kitutu – Kasongo est inaccessible à partir de Kitindi, principalement suite à l’absence des ouvrages de franchissement.
« En outre que les ponts Kadubo, Mudubwe, Zalya, Lubyala, Zokwe, se trouvent actuellement dans un état critique.
La remise en état de l’ensemble de ces ponts, nécessite une mobilisation des fonds estimés à USD 800.000 que le Ministère des ITP devrait obtenir du Trésor public.En ce qui concerne les critères pour retenir la réhabilitation ou la construction d’une route nationale et la stratégie du Ministère des ITP pour la prise en compte de la RN2 dans l’élaboration du budget national ;Il y a lieu de préciser que toute route nationale est qualifiée pour être retenue parmi les routes à réhabiliter et à moderniser prioritairement, en fonction des ressources disponibles. Il en est ainsi de la RN2 qui figure parmi les routes prioritaires, en connectant le centre du pays à sa partie Est, reliant ainsi 4 provinces.
Malheureusement, le manque des ressources financières fait que les travaux qu’on y a programmés et leur fréquence, sont insignifiants par rapport aux besoins. Toutefois, dans le cadre du plan quinquennal 2024 – 2028 du secteur routier, cet axe, la RN2, est pris en charge par une combinaison de financements de plusieurs partenaires techniques et financiers. Le mois prochain, il sera procédé au lancement effectif des travaux de bitumage dans son tronçon compris entre Mbujimayi et Mbanga (280 Km), près de Lubao, sous financement de la Banque mondiale et le tronçon Bukavu – Nyamukubi (85 km), sous financement de la Banque Africaine de Développement. Les autres tronçons seront programmés au fur à mesure de la mobilisation des financements, soit via la Banque Mondiale ou la Banque Africaine de Développement, soit par d’autres partenaires».
La troisième question orale a porté sur la construction, la réhabilitation et l’entretien des infrastructures routières, pour faciliter l’accès aux zones en guerre dans la province du Nord-Kivu.
Dans sa réaction, le ministre Alexis Gisaro a annoncé que pour faciliter la mobilité dans les zones en guerre et y rendre possible les opérations de sécurisation, des travaux de réhabilitation et d’entretien sont déclarés prioritaires. Quoiqu’il en soit, malgré la faiblesse des ressources mobilisées par le FONER et ses charges multiples, une partie non-négligeable a été affectée aux routes des deux grandes provinces sous état de siège durant ces trois dernières années. Ceci est corroboré par les sollicitations des Gouverneurs militaires, d’une part, et par les paiements des travaux effectués par le FONER au bénéfice des infrastructures desdites zones, d’autre part.
« Ainsi, on relève en termes de dépenses pour la réhabilitation des routes d’accès dans les zones opérationnelles la situation ci-après, pour la province de l’Ituri : 601.000 USD pour 2022 ; 286.000 USD pour 2023 ;3.503.000 USD pour 2024», a-t-il noté.
Pour inverser cette situation critique des infrastructures routières, Alexis Gisaro a fait part aux députés de l’initiative de son ministère de l’élaboration d’un plan quinquennal pour la période allantde 2024 à 2028, qui matérialise le quatrième engagement du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, repris dans le troisième pilier du programme du Gouvernement. Il s’agit premièrement du rétablissement de la connectivité intérieure du pays, en reliant tous les chefs-lieux des provinces par des routes revêtues ainsi que la reconnexion du territoire national avec les grands corridors transafricains.
José BABIA