Après un hommage digne de son rang, Dr Etienne TSHISEKEDI Wa Mulumba a été couvert par le rideau de l’éternité le 1er juin 2019. Pionnier de la démocratie congolaise, combattant de la liberté, héros national, tous ces mots n’ont pas suffi pour qualifier l’homme qui aura marqué de manière exceptionnelle l’histoire de la République démocratique du Congo. Par des banderoles, des déclarations ou des mélopées, des milliers de Congolais ont exprimé leur attachement à cette icône de la scène politique congolaise. Mais une question embarrasse les observateurs avisés, c’est de savoir qui porte aujourd’hui ou portera encore le combat du sphinx de LIMETE face aux déconfitures de la gestion actuelle et aux déconvenues qui rongent son parti, l’UDPS, ces dernières années.
Tous ses contemporains sont unanimes. La lutte pacifique d’Etienne TSHISEKEDI mais jalonnée des répressions sanglante, a permis de démolir les fondations du système dictatorial du maréchal autoproclamé MOBUTU et d’enclencher le processus de l’avènement de l’Etat de droit en RD Congo. Son abnégation, son courage, sa constance et sa persévérance ont fait de lui, un leader politique inégalé au Congo, même parmi ses ouailles les plus fidèles. Ni l’argent, ni les villas, ni les postes, ni les alliances encore moins les limousines n’ont réussi à ébranler sa fougue patriotique et sa moralité.
Même si ses 32 ans de lutte se sont soldés par l’accession de son fils biologique à la magistrature suprême, le sphinx de Limete s’en va sans réellement laisser un héritier politique. Cela pourrait paraître sans doute étonnant quand on sait que son parti existe et qu’il participe à la coalition FCC-CACH.
Pour des analystes indépendants, le combat de l’UDPS actuel n’est plus celui des années de « Ya Tshitshi » qui n’avait rien à avoir avec la simple jouissance ou le pouvoir pour le pouvoir. « Les dirigeants actuels de l’UDPS ont fait un virage à 360° car il est inimaginable de voir que Dr Etienne Tshisekedi laisser piétiner sa vision dans une coalition où il est minoritaire. Même quand il avait l’occasion de conduire le gouvernement sous Mobutu ou sous Kabila, il l’a rejeté », explique Julien Masamukini, un pro de Valentin Mubake.
Pour s’en convaincre, il ne suffit pas seulement de jeter un regard rétrospectif sur les offres déclinées par l’inégalable Etienne Tshisekedi, mais aussi sur les derniers débauchages qui ont précédé la coalition FCC-CACH. Quand Samy Badibanga est allé dans les bras de Joseph Kabila à l’issue du dialogue de la Cité de l’Union Africaine, le Président de l’UDPS a dit non ; quand Bruno Tshibala a suivi après le dialogue interdiocésain, pour succéder à Samy Badibanga, « Ya Tshitshi » a dit non. Et la question qu’on se pose est celle de savoir, s’il était vivant, Etienne Tshisekedi aurait-il accepté de composer avec le FCC ? Sans doute, non.
D’autres analystes soulignent, par contre, « Autre temps ! Autre mœurs ! Le choix opéré par Félix Tshisekedi est un revirement qui a le mérite d’avoir facilité la réconciliation entre deux camps des acteurs politiques qui se regardaient en chien de faïence et donnaient l’impression de ne pas être en mesure de construire le Congo ensemble. Et le prix pour y parvenir, c’était de sacrifier le radicalisme d’Etienne TSHISEKEDI.
Le Mandat