La guerre qui secoue l’Est de la RD Congo ne menace pas seulement les populations civiles mais affecte aussi très dangereusement la biodiversité congolaise, classée pourtant comme le poumon de la planète.
Chimpanzés, Okapis et Gorilles des montagnes, etc. sont en détresse, alerte la Société Civile du Nord Kivu, car toutes les aires protégées sont touchées par l’insécurité et les animaux rares vivent dans des conditions alarmantes et sont parfois la cible d’un braconnage sans précédent. Une alerte rouge pour contrer cette situation qui tend à basculer vers un nouveau génocide animalier à l’Est du Congo.
Souvent créés par des partenaires étrangers en fuite, la plupart de sanctuaires sont abandonnés à eux-mêmes pour l’instant et les animaux exposés à l’insécurité. D’où l’urgence de renforcer les capacités d’action et de réaction de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature ( ICI) se pose, en effet, avec acuité.
À en croire des sources basées à Bukavu, chef-lieu du Sud Kivu, l’État congolais a laissé la création et la gestion des sanctuaires aux partenaires étrangers dont la plupart ont fui les violences; abandonnant les aires protégées et leurs populations animalières à la merci des rebelles du M23 et leurs alliés du Rwanda.
Par conséquent, les espèces rares gardées dans ces riches aires protégées se retrouvent en détresse faute de personnels pour les encadrer et les alimenter. L’ICCN qui doit prendre le relais, ne dispose pas malheureusement des moyens d’action suffisants. Même quand ces opérateurs extérieurs confient la gestion des aires protégées à l’ICCN, ils ne lui laissent pas les moyens dont ils disposent pour bien assurer sa mission, indique un gardien du sanctuaire Grâce au Nord Kivu interrogé par Le Mandat.
En pareilles circonstances, nombreuses sont ces espèces protégées qui deviennent vulnérables, crèvent de faim, succombent par balles ou sont détournées par les braconniers et autres trafiquants vers l’étranger via les pays frontaliers de l’Est de la RDC.
Ce qui soulève la question de savoir comment renforcer les capacités de l’ICCN, colonne vertébrale de la protection de la biodiversité congolaise dans tout le réseau des aires protégées du pays.
Signalons que les sanctuaires majeurs comme celui de LWIRO qui abrite les chimpanzés dans le Sud Kivu ou encore celui de GRÂCE qui héberge les gorilles des montagnes dans le territoire de Lubero au Nord Kivu, sont tous aux mains de partenaires extérieurs. Ces derniers sont actuellement en fuite suite à la montée de l’insécurité dans ces contrées orientales du Congo.
Face à cette situation, le gouvernement devrait redynamiser l’ICCN, principale structure nationale qui a pour mission de gérer et de proteger la faune et la flore dans les aires protégées.

Cet appui à l’ICCN permettrait au gouvernement d’ assumer ses responsabilités en aménageant ses propres sanctuaires et en réhabilitant et en repeuplant ses propres jardins zoologiques et botaniques.
Il est important de rappeler que la plupart de sanctuaires fonctionnent aujourd’hui comme des lieux de séquestration et domestication des animaux au lieu d’être des jardins de transit.
Selon un acteur de la société civile du Nord Kivu, il n’est pas rare de voir des animaux comme les chimpanzés ou les gorriles qui ont fait plus de 30 ans dans un sanctuaire alors qu’il existe des zoos pour les stabiliser et des parcs pour leur permettre de vivre dans leur environnement naturel.
La dégradation de la biodiversité est une question urgente qui doit préoccuper également les partenaires pour permettre au personnel de l’ICCN de disposer des moyens nécessaires de combler le déficit causé par l’absence des responsables étrangers des sites protégés. Sinon, un génocide se profile à l’horizon dans nos écosystèmes.
Martinez NGYALUKA