Le monde a célébré le 03 mai dernier la journée mondiale de la Liberté de la presse 2024. Une occasion en or pour les gouvernants du monde entier et les professionnels des médias de revisiter le chemin parcouru et de jeter les bases d’une presse libre et indépendante.
Dans le Rapport 2024 de Reporter Sans Frontières sur la liberté de la presse, publié le 03 mai dernier, la RDC est classée à la 180ème place. Toute la preuve que le régime actuel est catalogué parmi les systèmes politiques liberticides du monde où la presse indépendante si elle n’est pas privée de moyens, elle est simplement brimée ou muselée.
Bien que plusieurs médias aient vu le jour par la magie des réseaux sociaux, le secteur de la presse reste le plus affecté par les conflits armés interminables qui déchirent la République Démocratique du Congo et endeuillent ses populations surtout dans la partie Est du pays.
Que de journalistes sont victimes des menaces, des agressions, des arrestations ou encore des exécutions, rapporte RSF qui souligne également que plusieurs médias des provinces du Kivu, de l’Ituri sont actuellement suspendus, pillés ou saccagés et d’autres sont sommés, par les rebelles du M23, de réajuster leur ligne éditoriale.
« Les journalistes sont menacés par une vague de pressions et de représailles depuis début 2023 au Nord-Kivu », a fait savoir RSF.
Même décor à Kinshasa où nombre de médias sont intimidés, pourchassés ou arrêtés pour les empêcher d’exercer librement leur métier. C’est le cas Stanislas BUKAJERA poursuivi pour « propagation de faux » après avoir annoncé en scoop l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende proche de Moïse Katumbi. C’est aussi la cas d’Esther KAMENGA LUWALA, journaliste présentatrice de PSTV-HD traquée depuis novembre 2023 pour avoir plusieurs dénoncé l’ineptie des officiers de la police face à la recrudescence de l’insécurité à Kinshasa et ses environs due aux phénomènes « Mobondo » (Ndlr : milice née du conflit tribal Télé -Yaka); et » kulunas »( bandits urbains).
Après avoir, au cours d’un journal télévisé en janvier 2024, pointé du doigt les responsables des services de sécurité et de la police qui ferment les yeux sur les nombreuses tracasseries et exactions commises par les policiers sur les civils, la consœur a reçu diverses menaces de mort avant d’être contrainte en clandestinité fin février 2024. Après le lancement de l’opération panthère, la maison familiale a été visitée pour la seconde fois le 24 mars par des hommes armés non autrement à la recherche de l’animatrice télé KAMENGA Luwala Esther, avait révélé sur PSTV-HD le Président de la Fondation Bill Clinton pour les Droits de l’Homme ( FBCPDH) au cours d’un point de presse tenu en avril dernier à Kinshasa. Emmanuel Cole s’est insurgé, par ailleurs, contre les travers de l’Opération Panthère déclenchée en mars dernier par la police pour traquer les bandits urbains mais laquelle se transforme malheureusement en une opération d’arrestations arbitraires, d’extorsion des biens et même de commission d’autres graves violations…
Récemment au quartier Yolo de la commune de Kalamu, les policiers commis à cette opération panthère ont tué un jeune homme arrêté et sa jeune maman de la famille Tshilomba qui continuait de les supplier pour le libérer et de clamer son innocence. Une grave bavure qui intrigue mais ne préoccupe malheureusement personne ni les commanditaires, ni les meneurs de cette opération, lesquels attendent sans doute un media dénoncer pour sortir des griffes, a déploré Emmanuel Cole.
On peut continuer la liste des journalistes muselés avec Israël MUTOMBO, responsable de « BOSOLO NA POLITIK TV » ou avec Martinez NGYALUKA, Éditeur du Groupe de Presse Le Mandat, qui vivent maintenant en insécurité et reçoivent des menaces téléphoniques anonymes pour avoir dénoncé les détournements des deniers publics par des caciques du pouvoir notamment le ministre des Finances Nicolas Kazadi dans le dossier des forages, le président sortant de l’Assemblée nationale Mboso Nkodia dans l’achat des bus les plus chers du monde, le ministre du Commerce Extérieur Lucien Bussa, l’ancien patron de la DGDA et le DG de l’OCC dans le changement des inconterms des exportations et importations commerciales. Des menaces sont proférés également à Martinez NGYALUKA par des inconnus qui lui reprochent d’avoir relayé les propos du Cardinal Ambongo, Archevêque de Kinshasa, sur la présumée collaboration des officiels congolais avec certaines milices armées.
Dans son rapport non exhaustif présenté le 03 mars 2024 , Reporters Sans Frontières déplore en outre que les « forces de sécurité impliquées dans des exactions bénéficient d’une impunité totale, mettant ainsi à rude épreuve la sécurité des journalistes en RDC ».
Par ailleurs, l’indépendance des journalistes reste constamment menacée par la forte présence des personnalités politiques congolais dans le paysage médiatique, lesquels embrigadent les médias et font d’eux des instruments d’influence et de pouvoir.
Ce qui fait que l’aide à la presse prévue par la loi est orientée par les médias proches du pouvoir. Même le choix d’accréditation des médias dans la plupart d’institutions, est conditionné par la soutien au régime. D’où la précarité qui caractérise la plupart de médias indépendants en RDC.
LMDT