Le journalisme est un pilier fondamental de la démocratie, censé être au service de la vérité et du peuple. En République Démocratique du Congo, pourtant, une réalité sombre ternit cette noble profession : certains journalistes deviennent les mercenaires de la plume, vendant leur conscience aux politiciens sans scrupules qui pillent, tuent et détruisent le pays.
Dans l’Est de la RDC, le phénomène des minéraux de sang est bien connu : des groupes armés financent leurs atrocités en exploitant illégalement les ressources naturelles, au prix du sang des innocents. Mais un autre fléau, moins visible mais tout aussi destructeur, gangrène l’espace médiatique : l’argent du sang. Ce terme désigne les sommes que certains journalistes reçoivent pour blanchir les crimes des élites politiques et militaires, pour manipuler l’opinion et enterrer la vérité.
Ces journalistes ne sont pas différents des trafiquants de minerais qui financent la guerre. Par leurs plumes corrompues, ils deviennent complices du chaos qui ravage la RDC. Ils défendent l’indéfendable, justifient l’injustifiable et réduisent au silence les voix dissidentes. Leur rôle ne se limite pas à désinformer ; ils participent activement à la perpétuation des violences en protégeant ceux qui en sont responsables.
Le journalisme, lorsqu’il est exercé avec éthique, éclaire le peuple, dénonce les injustices et tient les dirigeants responsables. Mais quand il est détourné par l’appât du gain, il devient une arme redoutable au service de l’oppression. Ces journalistes corrompus vendent leur pays, comme les seigneurs de guerre vendent ses richesses. Ils sont les complices de la misère, du pillage et des massacres.
L’histoire jugera sévèrement ces mercenaires de l’information qui, pour quelques liasses, ont contribué à l’effondrement de leur nation. Mais tout espoir n’est pas perdu. Face à cette gangrène, des journalistes intègres continuent de se battre pour la vérité, souvent au péril de leur vie. Ce sont eux, les véritables gardiens de la liberté, qui méritent d’être soutenus et protégés.
L’argent du sang corrompt, détruit et tue. Il est temps que la conscience l’emporte sur l’avidité et que le journalisme en RDC retrouve sa noblesse : celle d’informer sans trahir, d’écrire sans vendre son âme.
Ricky NZUZI LOYA, Journaliste et Expert en Communication