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Primature : Sylvestre Ilunga, le technocrate moins partisan

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Après un suspens à couper le souffle, le président Félix TSHISEKEDI a nommé lundi 20 mai 2019 son Premier Ministre. Originaire du Katanga, Sylvestre ILUNGA ILUNKAMBA, 74 ans, semble très peu connu du grand public mais un des témoins privilégiés de la scène politique congolaise, trainant derrière lui une longue expérience  professionnelle. Il se révèle comme le technocrate  de Fatshi au profil politique de JKK.

Son nom circulait déjà quelques jours avant comme étant la figure du compromis entre le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et le Cap pour le Changement (CACH) du Président Féli Tshisekedi. Son expérience, sa probité morale et son appartenance à la même province que le Chef de l’Etat sortant ont joué pour son choix parmi les nombreux prétendants à la Primature.

Ancien conseiller de Mobutu, Sylvestre ILUNGA ILUNKAMBA a été tour à tour  Vice-ministre à l’Économie de 1981 à 1983, Conseiller principal à la présidence en matière économique et financière de 1986 à 1987, puis ministre du Plan et ministre des Finances avant de devenir Directeur général de la Société nationale des chemins de fer (SNCC) en 2014, au moment où l’entreprise connaît de graves difficultés financières depuis des années.

Conscient du contexte politique qui couvre sa nomination, le nouveau Premier ministre  entend travailler dans l’harmonie avec tous.

« Je considère ma nomination comme une lourde responsabilité en ce moment crucial de l’histoire de notre pays et je m’engage à mobiliser toutes mes capacités pour pouvoir faire fonctionner de façon harmonieuse la coalition au niveau du gouvernement », Sylvestre Ilunga Ilunkamba quelques minutes après sa nomination.

Au sortir de sa première audience officielle avec le Chef de l’Etat, il a remercié Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui lui a annoncé sa nomination en tant que Premier ministre de la RD Congo. « Je voudrais d’abord remercier sincèrement le président de la République de m’avoir nommé en m’assurant de sa confiance dans cette lourde mission. Dans le même ordre d’idées, je voudrais remercier son excellence Joseph Kabila Kabange qui m’a proposé comme candidat Premier ministre en m’assurant de sa confiance », a-t-il déclaré.

Quant à la formation, la composition et la sortie de son gouvernement, il a tout conditionné à la fin des consultations au sein de la coalition FCC-CACH.

Une figure de compromis

Selon certaines langues, le professeur Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’a jamais été le premier choix du FCC ni du CACH pour occuper la primature. Il a été engendré par le clan katangais dont est issu Joseph Kabila, qui, après la désignation d’Emmanuel Shadary comme dauphin en 2018,  n’avait cessé de revendiquer une compensation après avoir perdu la présidence de la République.

Après plusieurs atermoiements et le rejet d’Albert YUMA, le nom de Sylvestre Ilunga Ilunkamba a finalement émergé comme un soldat loyal qui, du haut de ses 74 ans d’âge, ne saurait faire ombrage à l’autorité morale du FCC ni offusquer le nouveau président.

Professeur de l’Université de Kinshasa et docteur en Economie appliquée, Sylvestre Ilunga est l’oiseau rare qui a rempli les critères recherchés d’une par l’autorité morale du FCC : être lubakat, loyal et susceptible de faire consensus, et d’autre part par le Président Félix Tshisekedi : être un technocrate, de bonne moralité et moins partisan.

Bien qu’il soit cadre du PPRD, Sylvestre Ilunga est un technocrate très peu rôdé à travailler avec les présidents des formations politiques qui composent le FCC. Ce profil semble bien disposé à ne pas faire ombrage à l’ex-président, sans non plus  frustrer le président de la République « qui détient le pouvoir de mettre fin à ses fonctions, conformément aux dispositions de l’article 78 alinéa 1 de la Constitution », indiquent certains analystes.

 Les défis du nouveau Premier Ministre

Le premier défi de Sylvestre Ilunga sera de travailler avec des gens qu’il n’a pas  choisis mais désignés comme lui-même au terme des tractations entre le FCC et le Cach. Il devrait insuffler une nouvelle dynamique managériale pour promouvoir la cohésion qui fait souvent défaut dans les gouvernements de coalition et empêcher les ministres de vouloir trop rendre compte à leurs autorités morales plutôt qu’à lui.

Le second défi est celui de restaurer la sécurité et l’autorité de l’Etat dans l’Est de la RDC afin de stopper la manipulation rwandaise et des multinationales à la base des tueries et du pillage des ressources dans cette partie du pays.

A ces défis, il faut ajouter la réhabilitation de l’Homme congolais par la réforme du système éducatif congolais, le rétablissement de la puissance publique, la lutte contre la corruption et la fraude fiscale, la restructuration de la justice, la réforme profonde de l’administration, de l’armée et des services de sécurité, la lutte contre la pauvreté, la valorisation des ressources naturelles pour créer des richesses, la réduction des tensions et inégalités salariales, la dépolitisation de l’administration publique ou la fonction publique, la décentralisation financière par le paiement de la rétrocession des 40% des recettes dues aux provinces pour favoriser leur décollage, etc.

En tant que routier de l’économie, Sylvestre Ilunga mettra sa longue expérience  professionnelle pour aider le Président Félix Tshisekedi à réaliser son programme assis sur 20 axes prioritaires.

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