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Au cœur du débat

Prof Patience Kabamba sur la crise FCC – Union Sacrée : L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse !

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 » La semaine que nous venons de passer a été marquée par des évènements politiques en République Démocratique du Congo qui ont mobilisé les esprits.

Le Président de la RDC a procédé à une consultation pendant près de trois semaines. Le 6 décembre 2020, il a rendu compte des résultats de ses consultations devant la nation entière a travers un discours au cours duquel il a pris la décision majeure de rompre l’alliance entre le Front Commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président Kabila et le cap pour le changement (CACH), une alliance entre le Président Felix Tshisekedi et son ancien chef de cabinet Vital Kamerhe actuellement incarcéré pour cause de corruption (400 million des dollars américains utilisés en 100 jours du pouvoir de nouveau président).

FCC-CACH est une alliance de gouvernance du pays entre une plateforme réclamant une majorité parlementaire et la plateforme présidentielle. Au bout des deux années de direction du pays, le résultat d’après le discours même du président se faisait encore attendre. La population attend toujours de sortir de la misère généralisée dans laquelle elle est plongée.

La première partie du discours du Président de la République a repris les desideratas de la population dont deux reformes principales ont retenues mon attention : le retour a l’élection présidentielle au suffrage universel a deux tours et l’instauration d’un tribunal international pour le Congo, faisant écho a la demande du Prix Nobel Congolais, le Dr Mukwege.

La seconde partie du discours était la plus attendue. Le Président annonça la rupture de l’alliance FCC-CACH et la nomination d’un informateur pour identifier une nouvelle majorité.

POURQUOI LA RUPTURE ?

Mais, qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi cette rupture intervient-elle maintenant ? Quelles sont les causes et les conséquences de cette rupture ?

En gros, le Président de la République reproche à ses allies du FCC de le bloquer dans son travail de garant de la nation. Le Président a donné l’exemple de la nomination des trois juges de la cour constitutionnelle sans le contreseing du Premier Ministre. Et surtout le boycotte par les leaders du FCC de la prestation de serment des trois juges.
Le Président de la République exige une nouvelle majorité avec laquelle il pourra travailler sans être bloqué.
Le discours du Président de la République était bien reçu en général et la rupture de l’alliance FCC-CACH avait suscité des scènes des liesses populaires.

La réponse de FCC était de dire que le président se plaignait du fait d’être empêché de glisser vers la dictature en lui demandant de respecter la constitution.
La réponse du reste de la classe politique était de vouloir changer le bureau du parlement dirigé par l’honorable Janine Mabunda.

La confusion qui règne jusqu’à présent et qui est sciemment entretenue par certains constitutionalistes, est de croire que la chute de l’honorable Mabunda signifie automatiquement la création d’une nouvelle majorité.
La destitution du bureau Mabunda qui a eu lieu le Jeudi du 10 Décembre 2020 sera suivie du vote du nouveau bureau. C’est ce vote qui déterminera si les députés FCC qui ont rejoint les pétitionnaires anti-Mabunda étaient simplement opposés à Mabunda comme manager de l’Assemblée ou avaient-ils rejeté aussi la plateforme FCC.

Le Président de la République a néanmoins prévenu que si la même majorité FCC revenait, il va ordonner la dissolution de l’Assemblée Nationale. Cette menace ne pourrait être mise en application qu’en violant la constitution ou en confondant volontairement le Gouvernement et le Président de la République. La dissolution n’est constitutionnellement envisagée que lorsqu’ il existe une crise persistante entre le Gouvernement (et non le président) et le Parlement. Pour l’instant le parlement a toujours accepté les propositions de budget par exemple du gouvernement. Il n’existe donc pas un conflit persistant entre le gouvernement Ilunga Ilunkamba et le Parlement. Le prochain bureau de l’Assemblée Nationale déterminera aussi l’existence ou non de ce conflit.

SYVESTRE ILUNGA RÉSISTE

La démission du Premier Ministre qui n’est pas du ressort du Président de la République fait aussi partie de la complexité politique congolaise en ce moment-ci. L’ordonnance de nomination d’un Informateur doit être contresignée par le Premier Ministre qui, assurément, n’en veut pas parce qu’il trouve qu’il ne fait pas sens d‘avoir un Premier Ministre en place et de designer en même temps un Informateur.
Pour sortir de cet imbroglio politique, il faut que le premier ministre démissionne. Ilunga Ilunkamba n’a apparemment pas envie de démissionner en attendant de voir la composition de la nouvelle plateforme majoritaire qui risque de ressembler au FCC vue la configuration des différents groupes parlementaires.
La vie politique du pays est pour l’instant à cette étape-là.

Mais pour mieux saisir la signification des évènements politiques que nous vivons, nous devons les placer dans une perspective historique qui permette de comprendre ce qui rend possible les actions présentes.

L’ARGENT DICTE LE VOTE

Je voudrais maintenant donner brièvement le contexte général du Congo dans lequel ont lieu les événements que nous avons vivons aujourd’hui afin de projeter ce a quoi nous devrions en principe nous attendre si les choses continuent à avancer dans la même direction.

Le Congo est un régime kleptocratique, c’est à dire un gouvernement de fossoyeurs, c’est une oligarchie, un gouvernement de quelques uns, c’est une aristocratie, un gouvernement d’une poignée d’individus, et enfin c’est une ploutocratie, un gouvernement des riches ou mieux de personnes devenues riches après exercice de pouvoir public.

Dans un contexte où c’est l’argent qui donne le vote, les nantis sont élus et dirigent le pays. Or la logique de l’argent c’est d’en avoir toujours plus car il disparait très vite et il faut en accumuler davantage.

Comme il contrôle l’individu, l’argent le pousse à avoir un train de vie que seules des sommes énormes rendra possible. Et ce train de vie doit être maintenu le plus longtemps possible. S’il faut ajouter a cela les études de la progéniture dans des pays étrangers, il convient alors de toujours accumuler pour répondre et aux études des enfants à l’extérieur du Congo et au train de vie à l’intérieur du pays. Dans ce contexte, il faut à tout pris rester au pouvoir et se faire élire, sinon c’est la chute.
D’où la question : les demandes de nos députés actuels sont-elles motivées par l’augmentation de leurs avantages pécuniaires ou par soucis de redonner l’espoir des lendemains meilleurs à la population qui l’attends depuis toujours.

La seule chose qui fait peur dans une situation pareille, c’est une population qui commencera à remettre en question la validité d’un régime qui la clochardise. »

Le Mandat

 

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