La République démocratique du Congo n’est pas seulement un scandale géologique mais également faunique. Le pays regorge une riche biodiversité au coeur de nombreuses convoitises. Rongé par la précarité des ressources budgétaires et la mal gouvernance, l’État congolais s’est ouvert aux partenariats public-privés de cogestion ou de gestion déléguée de ses aires protégées afin de bien assurer la mission de protection et conservation de la nature confiée à l’ICCN. Mais les résultats de ces partenariats restent à ce jour mitigés et tout semble encore à faire ou à refaire suite à l’attitude de ces partenaires de se substituer à l’État sans en être redevable.
Zoom sur les ressources fauniques connues
Selon des études récentes, la faune congolaise regorge 352 espèces de reptiles, 7168 espèces de batraciens ; 1086 espèces d’oiseaux ; 421 espèces de mammifères; 1596 espèces d’invertébrés aquatiques dont 1423 d’eau douce et 183 marines ; 544 espèces d’invertébrés terrestres et 1606 espèces de vertébrés aquatiques. À ces armées, il faut ajouter la quarantaine de familles représentant plus de 1000 espèces de la faune ichtiologique dont près de 800 vivent dans le système du fleuve Congo ainsi que le plus grand nombre de genres des primates au monde.
Ces ressources fauniques sont gérées dans les aires protégées du pays composées notamment de 9 parcs nationaux et de 63 domaines de chasse et réserves, gérés par l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et qui couvrent 10,47 % du territoire national.
Il faut signaler d’entrée de jeu que les aires protégées de la RD Congo permettent de conserver non seulement les forêts, les plaines et montagnes mais aussi les rivières, le fleuve, les animaux, les lacs et les volcans.
Ce tableau demontre que le Congo est un vivier de la biodiversité et dispose de tout ce qu’il lui aurait permis d’attirer des millions de touristes chque année et de générer d’importantes dividendes.
Cependant, le cycle infernal des guerres qui secouent le pays depuis presque 30 ans, à gravement affecté sa biodiversité en proie aux aventuriers de tous bords.
À la guerre, il faut ajouter certains partenaires privés auxquels l’État congolais a délégué la gestion et la protection de ses immenses ressources fauniques et floristiques.
Tels de nouveaux colons écologiques, ces partenaires opèrent sans respecter les textes réglementaires ni la souveraineté inaliénable de la RDC. Pour avoir apporté quelques millions de dollars, ils se croient tout permis et suffisants pour zapper même l’État propriétaire dans la prise de certaines décisions importantes. Même l’ICCN qui représente l’Etat dans ce secteur semble indésirable et n’est pas associé à leurs activités. La seule collaboration s’arrête à quelques ateliers de mise à niveau mais nul ne sait combien ils genèrent dans les aires sous leur gestion ou combien ils payent à l’Etat conformément aux textes réglementaires.

Des communautés locales se plaignent chaque fois de se voir exclues dans le partage des dividendes touristes et du fait que leurs attentes ne sont pas souvent rencontrées.
En outre, les disparités dans le traitement du personnel local se trouve au coeur de nombreux ressentiments dans les parcs gérés par ces affairistes de l’environnement.
Prédateurs ou écologistes?
Qui pis est, certains partenaires ont installé leurs sanctuaires dans les parcs nationaux déjà gérés par l’ICCN et y gardent des animaux pendant plusieurs décennies alors qu’un sanctuaire est réputé servir de lieu de transit. La conséquence est que les animaux rares menacés d’extinction se retrouvent emprisonnés dans une captivité qui ne peut favoriser leur reproduction.
Ainsi les partenaires se transforment en prédateurs de la biodiversité au lieu d’être des acteurs de sauvetage ou écologistes.
Selon des indiscrétions, derrière ce refus de rendre compte et de collaborer pleinement avec les services habiletés de l’État se cache un commerce illicite des espèces en voie de d’extinction en violation flagrante des principes édictés par CITES. Même le Ministère de l’Environnement et Conservation de la Nature s’étonne de voir que des espèces rares et exclusives à la RDC, enrichissent d’autres pays sans savoir comment ces animaux ont traversé la frontière.
Il est curieux de constater, assez souvent, qu’un tenancier de sanctuaire se livre farouchement à faire obstruction à un transfèrement décidé par l’autorité compétente ( l’ICCN) pour des raisons évidentes jusqu’à empêcher de la sorte la stabilisation des spécimens des ressources fauniques saisies. Telle attitude outrancière de la part desdits partenaires est contra legem et infantilise les services publics attitrés qui sont appelés à s’assumer et assurer l’autorité de l’État.
Il est donc temps que le gouvernement congolais se réveille et se tourne résolument vers de nouveaux partenariats plus crédibles et respectueux de nos lois et de la souveraineté du pays.
Et on ose croire que le Ministère de l’Environnement ne tardera nullement à recadrer et traquer ces prédateurs des ressources fauniques de la RDC qui opèrent sous le joli manteau d’écologistes. Dossier à suivre !
Martinez NGYALUKA &
Carmel MBUYA