Depuis le 6 mai dernier, l’Etat de siège a totalisé 365 jours depuis qu’il a été décrété par le Président Félix Tshisekedi dans le seul but de ramener la paix à l’Est de la RDC, plus particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. 1 an après, le moment est plus qu’indiqué pour le Chef de l’Etat de faire une autopsie profonde et sérieuse de cette mesure, qui tend à devenir une vraie patate chaude, si elle ne l’est pas déjà, et de décider sur son avenir.
Sous pression des députés nationaux de ces deux provinces, qui, au regard des «résultats mitigés» constatés sur le terrain, appellent sans cesse à lever cette mesure d’exception, Félix Tshisekedi va-t-il céder?
Il y a quelques semaines, la réponse à cette question était presque connue. Cependant, de l’eau a coulé sous le pont, et a sans doute noyé certaines considérations ayant poussé le Président Tshisekedi à déclarer, plus d’une fois, que l’Etat de siège prendra fin quand les motivations à la base de cette décision auront disparu.
Le Chef de l’Etat, contrairement à son Premier ministre qui, lors de sa récente visite d’évaluation dans les provinces sous Etat de siège, a refusé d’admettre l’échec de ce régime spécial, mettant sous les feux des projecteurs des «avancée significatives», a eu le courage de regarder la triste réalité en face: échec. Un qualificatif que la Société civile, les députés nationaux du Nord-Kivu et de l’Ituri, et autres personnalités n’ont arrêté de coller à l’Etat de siège.
«En dépit de quelques avancées indéniables, on ne peut pas parler de réussite», a reconnu le Président de la République, cité par Jeune Afrique. Eu égard à ce constat d’échec, Félix Tshisekedi a, au terme d’une réunion d’évaluation mercredi 4 mai dernier, résolu de convoquer une table ronde sur l’Etat de siège dans un format réduit. Cette rencontre «lui permettra de trancher avant la fin de l’actuelle session parlementaire, qui doit prendre fin le 15 juin», rapporte Jeune Afrique. Et de révéler: «Félix Tshisekedi s’est enfin dit opposé à ce qu’une nouvelle Loi d’habilitation soit prise à cette date, laquelle permet au gouvernement de statuer dans le domaine législatif pendant les vacances parlementaires».
Pour d’aucuns, cette prise de position, qui reste à confirmer, sonne le glas pour l’Etat de siège qui n’a pas su empêcher les tueries à l’Est de la RDC. Au contraire, le taux est parti en flèche, selon des chiffres avancés par les analystes de GEC.
«Un an plus tard, le bilan est négatif. Le niveau de violence est resté particulièrement élevé: plus de 2.500 civils ont été tués dans ces deux provinces depuis son instauration. Plus inquiétant encore: la tendance a été globalement à la hausse au cours de cette période, passant de 563 civils tués lors du troisième trimestre de 2021 à 886 lors du premier trimestre de 2022», ont fait savoir ces analystes. Puis: «Trois territoires ont concentré l’essentiel de la violence contre les civils, avec la perte de plus de 600 civils chacun: ceux d’Irumu et de Beni, où opèrent les Forces démocratiques alliées (ADF) qui demeurent de loin le groupe armé le plus meurtrier, et celui de Djugu, dans la province de l’Ituri, où opèrent les miliciens CODECO».
Le carnage du dimanche 8 mai 2022 à Djugu rend encore plus sanglant le rapport sur les tueries à l’Est depuis l’instauration de l’Etat de siège, prorogé pour la 23ème fois l’État de siège le mercredi 4 mai dernier.
Lemandat.cd