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2 ans agoon
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La RedactionDans sa pratique, la tracasserie se caractérise comme une sorte de corruption qui agit comme une vielle belle prostituée que la police routière voire la police nationale fréquentent si bien que très souvent ses victimes se retrouvent toutes et partout dans presqu’une même situation d’« embarras ».
Cette pratique date depuis l’époque de l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Le général Kifwa avait beaucoup travaillé dans ce sens. Plusieurs policiers ont été arrêtés et transférés dans de centres en provinces. Le général avait même créé une unité spéciale pour gérer ce genre des cas.
La tracasserie déploie son charme à tous les agents routiers, seuls les élus pour qui l’honneur n’a pas de prix résistent et deviennent de facto ses bourreaux.
La tracasserie est un fléau qui effraie et à juste titre, car ses conséquences sont souvent catastrophiques. Les plus avertis des chauffeurs et les autorités compétentes en ont déjà pris les mesures et tentent par tous les moyens à la combattre. Le but de la bataille étant de sauvegarder à tout prix l’intégrité de la police de circulation routière (PCR) et de la police nationale congolaise (PNC), et par-dessus tout la protection des populations.
L’on se souviendra de la communication lors de la 36ème réunion du Conseil des ministres du 14 janvier 2022, du chef de l’État Félix Tshisekedi qui était revenu sur les causes et les conséquences des embouteillages à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).
« Il est question de s’assurer du respect strict du Code de la route par tous les usagers, y compris les cyclistes et les piétons. Il s’agit également d’instaurer l’autorité de la police de circulation routière en commençant par rétablir la discipline et l’intégrité dans ce corps spécialisé de la police et organiser des séances de formation et de mise à niveau », avait insisté le Président de la République.
Cependant, il semble qu’à la différence des autres victimes de la tracasserie qui se comptent par milliers dans la ville de Kinshasa et d’autres villes du pays, la vielle prostituée a, en République Démocratique du Congo, séduit toutes les corporations (la PCR, la PNC, l’ACCO, les agents commis à la vérification des documents d’autorisation des transports, les agents en tenue civile appelés communément Bureau 2, qui par-dessus leur objectif de mettre de l’ordre deviennent auteurs de différentes formes de tracasseries, jusqu’au point qu’il est désormais difficile de distinguer les effets de sa séduction d’une vie normale.
Cette situation est certes dangereuse, car elle mine toutes les initiatives tendant à remettre à la normale les choses. Lutter contre la tracasserie qui se traduit comme une corruption est rapidement perçu comme un coup d’épée dans l’eau, car la corruption est presque devenue la mentalité des agents, sensés réguler la circulation, se sont soldées par un fiasco, puisque la situation continue d’empirer. Malgré des multitudes mises en garde de la hiérarchie de cette corporation données lors des parades, les récipiendaires font bonnes figures en prêtant l’oreille attentive mais sur le terrain des opérations, ils font le Rabbi au grand dam des paisibles conducteurs devenus leurs assujettis.
Rappelons-nous de l’intervention du 05 août 2021 lors de l’émission le Débat sur Top Congo FM, le Comissaire divisionnaire de la police, le général Kasongo avait fustigé le comportement des policiers accusés de pratiquer le phénomène «Madesu ya bana». Il y avait 80% de commandants qui ont été d’ailleurs blâmés. Malheureusement, avait affirmé le général, qu’il n’y a pas de changement. Et d’ailleurs, la situation s’est aggravée de plus en plus.
« Nous allons les transférer à l’auditorat. Ces vols et tracasseries des roulages c’est aussi en complicité avec leurs commandants des sections. On a changé ces commandants mais les problèmes continuent », avait taclé le chef de la Police kinoise.
Sylvestre Kasongo avait, lors de la même émission, condamné la naïveté de la population. « La faute c’est aussi à la population. Quand on vous arrête et on vous conduit à un poste de police, exigez un document et allez payer à la banque puis ramenez la preuve. C’est la corruption! », avait décrié le général.
La vielle prostituée a fini par détruire les mœurs dans toute notre société et ouvre grandement les portes aux pandémies de toute sorte : le renoncement à la loyauté, l’insécurité à nos frontières, l’insécurité car le contrôle se monnaie moyennant un «Chweké ou Madesu ya bana», explosion de la fraude à la douane privant le trésor des recettes nécessaires et indispensable au gouvernement pour réaliser son programme. Bien que le pot de vin domine sur la justification originelle de leurs présences sur les bifurcations des artères de Kinshasa et autres coins du pays. De l’autre côté, l’impunité constatée par les usagers des routes qui soutiennent ce phénomène.
La preuve en est que, les roulages et eux-mêmes les conducteurs haïssent les robots placés dans quelques endroits, comme si ces robots sont des humains. Ils savent eux-mêmes les facteurs qui influencent cette haine…
En effet, comment devrait-on espérer par exemple être en sécurité à nos frontières ? Leur perméabilité que l’on fustige tant ne serait-elle pas la conséquence directe des effets de la corruption ? Le délabrement de nos voiries urbaines et même de plusieurs infrastructures surtout d’utilité publique et financées directement par le trésor, la dégradation des services publics, etc. comment peut-on expliquer la présence sur le boulevard du 30 juin, à la hauteur du grand bâtiment de la poste, de plus d’une section des policiers roulage ? Quelle image, quel message ? Ceci expliquant cela, est-ce la raison pour laquelle les feux de signalisation ne sont pas réparés à ces endroits ? Voilà par exemple une illustration banale d’une situation « anormale » qui devient « normale » à l’indifférence générale.
C’est justement cet autre « nouveau » modus vivendi auquel la société s’adapte dans une insouciance complice qui suscite à des moments le sentiment populaire d’un certain abandon de la part du pouvoir… L’effort de nous développer et de hisser notre cher et beau pays au rang des pays respectables devrait absolument passer par la mise en place d’un système efficace de lutte contre la tracasserie devenue une corruption dans ses diverses formes et à tous les niveaux.
Vu l’ampleur de l’impact de ce fléau sur toute la population congolaise, il est absolument nécessaire que les mesures institutionnelles soient rapidement prises ou davantage renforcées pour celles qui existent déjà, notamment à la Présidence de la République, au risque de voir tous les efforts à consentir par le gouvernement pour améliorer le niveau de vie des citoyens congolais annihilés par la séduction malicieuse de cette vielle belle prostituée qu’est la corruption. Il y va de la survie même notre Etat.
Nicolas Kayembe