L’IGF a annoncé le mois dernier la fin des patrouilles financières dans les entreprises publiques à la satisfaction des mandataires et au désarroi des travailleurs de certaines entreprises de l’État congolais. Malgré cette annonce avec trompette, aucun rapport n’est publié jusqu’à présent sur plusieurs entreprises contrôlées. Dux poids deux mesures ? Le passage de l’IGF est diversement commenté par les travailleurs. Les uns croient que l’IGF a empêché toute bonne gestion mais les autres estiment qu’elle a assuré la bonne sortie de fonds.
Les mandataires incapables et détourneurs seuls trouvaient en cette présence la difficulté de travailler alors qu’ils ont des auditeurs internes sans avoir peur. Ils ont traduit par là que les auditeurs internes ne sont pas à la hauteur des tâches et de redevabilité attendues d’eux.
En outre, il a été étonnant que l’interface de l’IGF soit la direction financière en lieu et place des auditeurs.
Si la présence de l’IGF a suscité un peu plus de sérieux, il y a lieu de se demander ce que fait le Conseil Supérieur du Portefeuille de qui dépendent les sociétés commerciales. Il fallait attendre l’IGF pour voir tous les crimes dans ces entreprises.
Contrats programmes et contrats de performance abandonnés
Certaines entreprises publiques auraient signé de contrats programmes avec le Gouvernement au travers du Ministère du Portefeuille tandis que d’autres avaient le contrat de performance ou les deux.
Si le contrat programme suppose les équilibres de l’entreprise ébranlés du genre pas d’outil de production ou l’outil inexistant, les difficultés financières, l’inadequation entre le personnel et le niveau de l’activité et aussi entre le personnel technique et administratif, il y a lieu de souligner que ces entreprises ont brillé par l’emploi de nouveaux agents sans respecter les conditions retenues dans le contrat programme. Or ce contrat met en veilleuse le contrat de performance pour assurer d’abord à la société son équilibre dont les clauses retenues dans le contrat programme révèlent l’importance. Malheureusement, avec le CSP, ce contrat programme n’a même pas été révélé. On est allé dans l’exécution de contrat de performance alors qu’aucune relance n’est possible sans stabilisation et ajustement connus de tout économiste et gestionnaire sérieux.
Il a été malheureusement constaté que les mandataires ont profité pour engager sans outil de production, dilapidant ainsi les ressources provenant des redevances.
Pour la plupart, ce sont les membres de famille des mandataires, les neveux, nièces, oncles, tantes voire les domestiques et les chauffeurs, les belles familles, les connaissances du quartier et du village, les frères et sœurs de l’église sans oublier les membres du parti.
Alors qu’être en programme nécessite un contrôle rigoureux de cet aspect d’emploi qui a un impact sur les dépenses. Le pire est que tous ces nouveaux engagés sont pris directement aux grades de direction et de commandement sans expériences ni capacités en violation des conventions collectives des entreprises et de la Loi portant Code de conduite de l’agent public de l’Etat qui veut que le mandataire ne puisse pas privilégier sa famille durant son mandat. Le faire constitue une faute lourde.
Que fait le Conseil Supérieur du Portefeuille (CSP) ?
Invraissemblable que cela puisse paraître, le CSP n’a pas signifié à l’IGF quelles sont les entreprises en programme et quelles sont celles en contrat de performance ! Pendant que l’IGF les gérait toutes de la même manière, ne savait-elle pas qu’il y avait d’autres qui étaient en programme ?
Quand au contrôle à posteriori et annuel, le CSP se limite au contrôle du budget ! Étant l’autorité administrative et financière. Que fait-il de l’administration du personnel. Rien. Mais sur le plan financier réduit au contrôle budgétaire,
là encore, il y a à boire et à manger.
Les directions financières donnent de chiffres sans justifications dans l’exécution de dépenses. Une opacité des informations financières caractérisent ces entreprises. Pour le cas de beaucoup, les mandataires ont pris soin de mettre dans le circuit financier rien que leurs membres de familles. On peut vous dire qu’on a donné tel montant à telle direction, qui peut le justifier quand cette direction financière ne donne rien de son rapport financier tout au long de l’année.
Nous avons approché les présidents de certaines commissions qui ont pu effectuer des audits dans ces entreprises, ils nous ont fait savoir que c’était alarmant sur le plan administratif. Au point de se demander à quoi sert l’autorité administrative du CSP ? Comment les membres de familles de mandataires sont arrivés à gravir les échelons, comment sont-ils devenus en moins de deux ans de carrière, directeurs full laissant derrière eux les anciens ayant l’expérience et la maîtrise de l’entreprise. Il n’est pas étonnant que ces entreprises pour la plupart vivent de droits et redevances. Car incapables de relancer l’exploitation.
Et en se cachant derrière de contrôle budgétaire, le CSP s’aventure dans une rivière qu’il a préparée pour flouer l’état propriétaire en ne visant que la paie. Et de conclure qu’il y a paix sociale parce que les salaires sont versés. Or une entreprise publique est créée pour produire de biens et des services à la population et assurer le développement, objectif de tout gouvernement.
Depuis 2020, il s’est succédé dans les entreprises publiques des mandataires parvenus et qui arrivaient à ce poste pour la première fois. Même les fils maisons étaient recrutés dans les rouages qui n’avaient rien à avoir avec l’objet de l’entreprise. Qu’ attendre d’un DRH qui devient DG ou DGA sinon de contrôler les présences et les absences chaque jour.
L’IGF a-t-elle failli à sa mission ?
Tant que IGF ne rendra pas public les résultats de ses enquêtes et audits de plus de 2 ans dans ces entreprises, il y a lieu de conclure qu’elle protège les gens. Tout le monde sait que la plupart de mandataires étaient des amis, frères et membres de l’UDPS. Quand vous allez dans ces entreprises, l’odeur de l’incompétence et de l’incapacité se sent. On est en face de gens sans connaissance et qui sont portés sur les gains faciles. Ils sont tout le temps dans les missions et dans les commissions payantes où les mêmes noms reviennent. L’IGF doit publier ses rapports.
Scandales administratifs
Selon nos enquêtes, le départ de l’IGF a été voulu par l’entourage du Président de la République et surtout par la pression de mandataires placés à dessein qui ne rendaient plus l’ascenseur.
Nous exigeons un audit administratif et Financier sérieux dans ces entreprises et que cela soit fait par un organe indépendant comme le KPMG. Il est inconcevable que des entreprises sous programme voient leur personnel multiplier par 10 sous le nez de l’IGF sinon une complicité avérée de cette dernière.
Pas de vraies activités ni relance
L’augmentation du chiffre d’affaires que fixe le CSP à ces entreprises et qui ne se réalise que par redevances, devrait obliger l’état d’empêcher tout emploi. L’une d’elle, L’ONATRA, avait exigé de primes pour avoir réalisé de chiffres records dans la collecte de redevances. Mais elle a été remis à l’ordre par l’IGF. L’on peut se demander si le départ de cette dernière ne va-t-elle pas réveiller les anciennes habitudes ? Mais comment le savoir si IGF ne publie pas. Qui elle protège ? Car que vient faire un nouvel engagé dans une Société sans outil de production ? Les mandataires dilapident de l’argent pour rien. Il semble même que dans les commissions de contrat programme, il y a les délégués de la présidence, du ministère de tutelle, du secteur, de la société civile, et plus d’une dizaine de l’entreprise qui sont membres de famille de mandataires, et de fois qui ne sont même pas agents de la société. Ils sont tous pris en charge par une entreprise en difficulté. Quel deal des assoiffés de mauvaises pratiques de gestion ? Voilà pourquoi l’IGF devrait quitter les sociétés pour laisser ces personnes continuer leur basse besogne. Piller et faciliter les pillages. IGF en était elle au courant ?
La Première Ministre et son Ministre de la Justice sont appelés à élucider ces cas et à tirer au clair ces commissions qui pillent les entreprises en difficulté remises malheureusement entre les mains des incapables qu’on doit gérer à distance.
A cet effet, Judith Suminwa doit faire diligence pour sauver ces entreprises en nommant les experts à la tête de ces quelques vingtaine entreprises qui restent encore. Sinon à l’allure où vont les choses, il ne restera plus rien comme entreprises publiques.
Les droits de l’État aliénés.
Les entreprises publiques qui bénéficient des redevances, droits et subsides se permettent à signer de contrats avec des structures privées pouvr aliéner lesdits droits moyennant des commissions. De contrats de concession qui amputent à l’Etat la totalité de ses paiements. Il y a même certains assujettis qui refusent d’obtempérer aux paiements en négociant directement avec les directeur financier. Certaines entreprises se sont même permis de faire de ces droits des apports en capital dans les sociétés associées au lieu de relancer l’exploitation. Gravissime quand l’IGF n’ a rien vu et semble fermer les yeux à tous ces crimes. Le nouveau Ministre de la Justice Constant Mutamba a du pain sur la planche avec les enquêteurs de la république, ceux à qui les espoirs sont remis semblent eux aussi dans le collimateur de la corruption et du népotisme. Si l’IGF ne rend pas public ses enquêtes, il serait clair que les infos à notre possession s’avéreraient vraies.
Les journalistes enquêteurs et d’investigation seront ainsi lancés sur terrain pour trouver les failles à la place de l’IGF comme ceux qui viennent de dénicher les magouilles de Kagame au Rwanda.
On ose croire que Judith Suminwa ne va pas accepter les maffieux et les détourneurs dans les entreprises publiques. Il est certainement calculé par les partis politiques pour s’asseoir sur les entreprises publiques et piller ces biens sans y laisser rien au peuple. Mais la presse d’investigation se donne le devoir de dire la vérité au peuple comme dans le dossier de lampadaires et de forages. Pas d’anciens mandataires chassés déjà pour incompétence et détournement comme ce qu’on a vu dans les élections. Qui protège qui ?
Le changement souhaité par l’UDPS et le peuple d’abord ne proviendrait pas de la complaisance mais de la rigueur et de respect à la bonne gouvernance dont les principes sont la transparence, l’efficience, l’efficacité et la durabilité.
C’est ici où nous fustigeons le silence de la Cour des comptes. Des crimes de gestion ne sont suivis d’aucune interpellation et les mandataires quittent sans contrôle à posteriori de leurs biens. Alors pourquoi le cinéma de déclaration de biens à l’entrée si on ne contrôle pas à la sortie ? Comment ces mandataires ont acquis leurs richesses avec les entreprises en difficulté?
Pour ne pas vivre le cas de mandataires au comportement peu orthodoxe, l’enquête de loyauté doit être de mise. Dans toute bonne gestion, il faut se rassurer de compétences de mandataires car on ne peut pas attendre d’un détourneur, de bons résultats.
Dénonçons !