Published
5 ans agoon
By
RedactionNeuf mois après la présidentielle du 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo, Martin Fayulu, le candidat unique et malheureux de l’Opposition, est loin d’abdiquer sa lutte pour la vérité des urnes. De retour d’une longue croisade aux USA et en Europe, le leader de LAMUKA a encore réaffirmé sa détermination d’aller jusqu’au bout pour que seul le choix du peuple soit proclamé.
Au cours de ses meetings dont celui du dimanche 28 avril 2019 à la place Sainte Thérèse, il ne cesse d’annoncer des actions de rue dans les prochaines semaines afin de pousser la coalition FCC-CACH à lui laisser le fauteuil présidentiel. Son combat est-il encore d’actualité ou anachronique au moment où le régime Tshisekedi semble jouir du soutien d’une bonne frange de la population et de la légitimité internationale?
Ils étaient des milliers à prendre d’assaut dimanche 28 avril 2019 le Boulevard Lumumba pour accueillir celui qu’ils appellent affectueusement « Mafa », le « soldat du peuple ». De l’aéroport international de Ndjili à la place Sainte Thérèse, le leader de Lamuka s’est régalé d’une forte mobilisation de kinois, signe qui atteste, selon certains analystes, qu’il a encore derrière lui, un soutien interne non négligeable.
Cap sur la démission de « Fatshi »
Dans son speech aux Kinois, Martin Fayulu s’est attaqué littéralement à la coalition FCC-CACH. Il a demandé au Président Félix Tshisekedi, dont il conteste toujours la légitimité, de rendre public le contenu de l’accord conclu avec son prédécesseur, Joseph Kabila et de démissionner.
« Félix a fait notre honte. Il a vendu le pays à Kabila. Kabila était venu déstabiliser ce pays. Nous n’allons pas le laisser faire. Les occidentaux disent qu’ils ont pris actes des résultats parce que le peuple n’avait pas manifesté à la suite de la proclamation de la Cour constitutionnelle », a déclaré Martin FAYULU.
Et d’ajouter « KABILA doit partir. Notre frère TSHISEKEDI doit laisser Kabila partir. Je félicite les amis de l’UDPS qui ont demandé à Félix TSHISEKEDI de dévoiler le contenu de l’accord avec KABILA. KABILA était déjà endormi (ndlr : fini politiquement). Il (Félix) aurait dû refuser sa nomination par Kabila. Aujourd’hui, il devient son esclave… Qu’ils déchirent le document qu’ils ont signé dans le dos des Congolais, sinon ils n’auront que leurs yeux pour voir ce qui arrivera…».
Comme on peut le remarquer, les propos de Martin Fayulu révèlent un non dit, la possibilité de voir la Communauté internationale se désolidariser du régime de Félix Tshisekedi s’il continue de croupir sous l’influence du président sortant Joseph Kabila ou de voir la base versatile de l’UDPS se désolidariser de son leader pour trahison du combat. Pour obtenir le départ effectif de Joseph Kabila, Martin Fayulu appelle à la démission d’Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo et promet de faire parler la rue.
« Je vous ai dit que vous êtes plus forts que les armes. Les amis soudanais et algériens n’ont pas eu recours aux armes. Maintenant, je suis de retour. Nous allons nous attendre pour dire à Félix Tshisekedi de démissionner. Il doit quitter. Qu’il arrête les bêtises », menace le « soldat du peuple ».
Cet appel à la révolution populaire a été pris au sérieux même dans les salons officiels, si l’on fait foi à l’information judiciaire ouverte par le Procureur Flory KABANGE NUMBI à la suite d’une plainte déposée contre Martin FAYULU par un certain LUFULUABO pour incitation à la haine et crime contre l’humanité. De nombreux analystes estiment cependant, des ennuis judiciaires contre le leader de LAMUKA ne sont pas les bienvenus dans un climat de décrispation politique. Le danger pourrait être évité plutôt, si la coalition FCC-CACH arrête de prendre le pays en otage suite aux querelles de partage du gâteau qui frustrent la base de l’UDPS et s’engage à ouvrir la mangeoire aux ténors de LAMUKA.
Katumbi au front de la mobilisation
Dans sa fronde pour la vérité des urnes, Martin FAYULU peut encore compter sur la solidarité de ses pairs de LAMUKA muée en regroupement politique le 27 avril dernier à Bruxelles. L’institution d’une présidence tournante n’indispose pas Martin FAYULU qui s’autoproclame « président élu » et reconnait que la plateforme avait sept leaders au départ, deux sont partis et un autre a adhéré.
« Nous sommes six leaders maintenant. Il n’y a pas un seul leader. Moi, j’étais le candidat commun. Aujourd’hui, nous avons transformé Lamuka en plateforme politique avec un présidium. Nous avons une présidence tournante. Moi, je suis le président élu. Je laisse aux autres de faire la présidence tournante et je vais reprendre en dernier », a t-il déclaré.
Moïse KATUMBI qui revient bientôt au pays, sera le premier à présider la plateforme et à conduire la mise en œuvre du programme politique qui a comme principaux axes: la défense de la constitution, spécialement dans ses articles intangibles, la mobilisation du peuple pour une alternance démocratique et politique, reflétant la vérité du choix des électeurs, la promotion d’un Etat de droit et d’une meilleure gouvernance de la chose publique et l’éradication des antivaleurs.
Mais ses dernières prises de position contrarient cet idéal et la poursuite de la vérité des urnes exigée à cor et à cri par Martin Fayulu. Est-ce le début d’un divorce ? Difficile de le dire pour le moment.
FCC-CACH, erreur interdite
Le retour de Moïse KATUMBI au pays devrait changer le climat du paysage politique à Kinshasa. La pression de LAMUKA va s’intensifier sur la coalition FCC-CACH dont la survie dépendra de la capacité de ses alliés à gérer leurs différends, de l’équité dans le partage des postes et de la réponse aux attentes du souverain primaire.
« Le FCC et CACH sont condamnés à vivre ensemble, car tout divorce serait suicidaire pour l’un comme pour l’autre », constate le professeur Bonaventure CHELO qui conseille aux ténors de la coalition au pouvoir à plus de cohésion pour éviter des comportements qui prennent le pays en otage et risquent de faire le lit au soulèvement populaire planifié par LAMUKA.
D’autres analystes estiment, par ailleurs, que la coalition pourrait bien jouer sa partition en négociant avec LAMUKA pour conduire le Gouvernement. Cette option permettra d’une part de réduire la guéguerre entre les deux alliés (FCC et CACH) sur le contrôle du Gouvernement mais aussi de disposer d’un interlocuteur crédible pour convaincre les partenaires occidentaux à lever les sanctions qui pèsent sur plusieurs personnalités congolaises. Ce rapprochement entre Félix TSHISEKEDI et son rival Martin FAYULU constitue l’une des conditions exigées par les USA avant toute rencontre avec le Président Donald TRUMP.
Mais l’équation a plusieurs inconnus au regard de la guerre d’ambitions au sein de la coalition et du radicalisme de Martin FAYULU. Wait and see.
LMDT